Dans une conférence donnée à l'Office Culturel le 21 avril, Nicolas Soulier, urbaniste et architecte a plaidé pour des rues conviviales, « qui donnent envie de se promener » et dans lesquelles « on aimerait que les enfants jouent ». Il nous donna de nombreux exemples, en France mais bien plus chez nos voisins, dont on sait le respect de la nature et la pratique des déplacements doux.
Bien sur, la place réservée au végétal dans son argumentation y a été importante mais aussi celle de l'aménagement de son pas de porte, du dehors immédiat de chez soi : le banc, le décor, la table... que nos voisins - flamands ou méridionaux - ont su garder et qui font le charme de leurs villes ou de leurs villages. Car les recommandations et propositions qu'il a faites s'appliquent autant à la grande ville qu'au village. Il nous a ainsi présenté l'expérience très parlante et pédagogique du village où il est élu, dans la Drôme.
Il a aussi introduit l'idée du deuxième chantier : à la suite du chantier de bâtiment ou d'aménagement, il doit rester la place à celui de l'habitant pour qu'il s'approprie les lieux jusqu'à y intervenir directement : élèves des écoles fabriquant une clôture de jardin public à partir de bois d'élagage, riverains construisant une cabane, aménageant ou entretenant l'espace public. Les exemples sont nombreux eu Europe du Nord.
Il a insisté sur la nécessité d'un "frontage" (stoep en néerlandais, stoop en anglo-saxon) espace intermédiaire entre l'habitation et le domaine public. Ces lieux, qui ne nuisent pas à la circulation des piétons et des vélos, apportent beaucoup à l'urbanité et au paysagement de la rue. En permettant les plantations, le décor, ils apportent l'esthétique, la couleur et rompent avec la monotonie des lieux ou la monochromie de la pierre. Quelques exemples existent à Arras de plantations dans ces « frontages ».
Au delà de cette argumentation, j'ai pu constater la totale unanimité du public assistant à la conférence : l'habitant souhaite un cadre de vie harmonieux. Cette envie, ce besoin de nature sont gravés au plus profond de chacun, s'exprimant du simple pot de fleur à la recherche du parc ou de la forêt. Ils représentent les racines de notre vie et notre évolution. Ils répondent aussi à cette aspiration à personnaliser « à sa mode » son cadre de vie, son jardin, son pas de porte. Chacun y répond comme il le ressent, allant du jardin paysager au décor naïf de l'art brut.
" Si tu n'as que 2 yuans (monnaie chinoise) dans ta poche, avec un yuan achète du pain pour vivre, et avec l'autre yuan, achète une fleur pour avoir une raison de vivre. " (Proverbe chinois)